Last night in Soho: Voyage rétro

Last Night in Soho est un film qui m'a intriguée. D'abord pour son ambiance mystérieuse et hypnotique, mais surtout pour la place qu'y occupe la mode. En tant qu'étudiante dans une école de luxe, je suis particulièrement sensible à la manière dont le vêtement peut raconter une époque, une émotion, un basculement. Et ici, la mode est bien plus qu'un élément esthétique : elle devient un langage à part entière, une extension de l'histoire et de l'identité des personnages.

Réalisé par Edgar Wright, le film suit le parcours d'Eloise, une jeune femme passionnée par les années 60 qui débarque à Londres pour intégrer une école de mode. Très vite, le rêve laisse place à l'étrangeté : dans ses nuits agitées, Eloise est projetée dans le passé à travers les yeux de Sandie, une jeune chanteuse des sixties pleine d'ambition. Ce jeu de miroirs entre les deux femmes va s'intensifier au fil du récit et leurs univers vont peu à peu se confondre.

Ce qui m'a fascinée, c'est la manière dont les costumes accompagnent cette double narration. Les tenues ne sont jamais là pour simplement "faire joli" ou reproduire un style rétro. Elles traduisent des intentions, des états d'âme, des transformations. La costumière Odile Dicks-Mireaux a effectué un travail remarquable, en s'inspirant de vraies icônes de l'époque (Jean Shrimpton, Brigitte Bardot, Cilla Black…), tout en créant une esthétique singulière, entre glamour et tension.

L'une des pièces qui m'a le plus marquée est la fameuse robe rose pâle que porte Sandie lors de sa première apparition dans le club. Elle incarne l'élégance naïve, l'innocence confiante d'une jeune femme qui croit encore au pouvoir de ses rêves. La fluidité du tissu, les coupes nettes, les lignes épurées… Tout est pensé pour capturer la lumière et séduire.

Mais ce que je trouve encore plus fort, c'est l'évolution des costumes au fil du film. Plus l'univers de Sandie devient oppressant, plus ses tenues s'assombrissent, se durcissent. Les robes deviennent plus structurées, plus fermées. On passe du rêve au cauchemar, et cela se ressent directement dans les vêtements. De l'autre côté, Eloise, dans le présent, s'imprègne peu à peu de ces visions. Elle adapte le style sixties à sa propre personnalité, comme si la mode lui permettait de créer un pont entre le passé et son présent.

La direction artistique dans son ensemble est d'ailleurs exceptionnelle. Les accessoires : escarpins blancs, sacs miniatures, bijoux dorés, ainsi que les coiffures et le maquillage, tout contribue à faire revivre une époque sans jamais la figer. Ce n'est pas un simple exercice de style rétro : c'est une immersion sensorielle, un voyage esthétique.

Ce film m'a rappelé à quel point la mode peut être une narration en soi. Dans Last Night in Soho, elle sert à évoquer des souvenirs, à faire émerger des peurs, à exprimer des désirs. Elle n'est jamais décorative, toujours signifiante. Et c'est exactement ce que je trouve passionnant dans notre métier ou nos études : la capacité qu'a un vêtement à faire ressentir quelque chose et à transmettre une atmosphère, une époque.

Alors non, Last Night in Soho n'est pas un "film de mode" au sens classique du terme. Mais il utilise la mode avec une telle intelligence visuelle et émotionnelle qu'il m'a inspiré bien plus que la plupart des films centrés uniquement sur l'univers du luxe. C'est une œuvre qui nous montre que parfois une robe peut en dire autant qu'un dialogue.

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